Jules Janin, Un été à Paris, 1843, pp. 137-141

Les écuyères de cirque.

« Jamais arène plus glissante, jamais sentiers plus effrayants, jamais sauts de loup plus perfides, même sur le fossé du Bœuf couronné, ne se sont rencontrés plus nombreux qu’au Cirque-Olympique. Allez-y ; peut-être serez-vous assez heureux pour qu’une jeune écuyère se casse les reins ce soir-là, sous vos yeux, et sans que le prix des places ait augmenté. Pas de jour ne se passe où l’équilibre ne leur manque: tantôt c’est le cheval qui va trop vite, tantôt elles vont trop vite sur le cheval. – Image trop réelle des passions. L’une s’est brisé le bras, et quand on l’a relevée, elle souriait à la foule ébahie, - l’autre s’est foulé la jambe, et elle s’est tenue debout sur l’autre jambe, - on croyait que cet exercice était dans son rôle. Il en est qui, furieuses de se voir désarçonnées en plein parterre, se mettent à courir après leur coursier tremblant, et alors ce sont des réactions incroyables de l’écuyère contre le cheval : le cheval se met à genoux et il demande grâce les deux mains jointes ! La dame lui pardonne et le prend en pitié… C’est un cheval ! »

Image
Écuyer dansant sur deux chevaux avec une écuyère, lithographie, XIXe siècle

Bibliothèque-musée de l'Opéra © BnF