Complainte du petit cheval blanc.
Paul Fort, Les Ballades françaises, 1896-1958.


Publié en 1908, ce poème, très populaire, a été mis en musique par Georges Brassens en 1952.

Le petit cheval dans le mauvais temps, qu’il avait donc du courage !
C’était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n’y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n’y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.


Mais toujours il était content, menant les gars du village,
à travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant.
Sa voiture allait poursuivant sa belle petite queue sauvage.
C’est alors qu’il était content, eux derrière et lui devant.


Mais un jour, dans le mauvais temps, un jour qu’il était si sage,
il est mort par un éclair blanc, tous derrière et lui devant.
Il est mort sans voir le beau temps, qu’il avait donc du courage !
Il est mort sans voir le printemps, ni derrière ni devant.

Image

« La Misère du cheval ». Dessin de Steinlen, L’Assiette au beurre, n°219 du 10 juin 1905
Bibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie

Cette illustration croque avec un réalisme acerbe la dure vie des chevaux au début du XXe siècle. On y voit un animal squelettique (conséquence d’une sous-alimentation et d’une utilisation intensive) attelé à une charrette. Tandis que le cocher se protège de la pluie et du froid sous un chapeau et une longue cape, le cheval n’a pas le choix. Il doit avancer, le fouet du cocher n’étant pas loin. Et ce, malgré le sol glissant et la fatigue. Cette image révèle le peu de soin prodigué aux chevaux de transport en ce début du XXe siècle.


Image :
« La Misère du cheval ». Dessin de Steinlen, L’Assiette au beurre, n°219 du 10 juin 1905
Bibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie

Bibliothèque nationale de France, département des estampes et de la photographie